Menu

Du chocolat brillant, de l’or noir, et autres bizarreries

Rubrique : Facultatif
Date de publication : 23 mars 2021

Qu’ont en commun les ailes du papillon Morpho, les plumes de certains colibris, et les feuilles de lotus ? Des structures périodiques microscopiques leurs donnent des propriétés optiques, chimiques ou mécaniques particulières. C’est ce que l’on appelle la fonctionnalisation de surface, et c’est ce qu’ont appliqué des scientifiques pour donner de la couleur à du chocolat. Qu’est-il possible de faire d’autre ?

C’est l’histoire de trois scientifiques, un spécialiste de l’alimentaire (Patrick Rühs), un spécialiste des matériaux (Etienne Jeoffroy) et un physicien (Henning Galinski). Au détour d’un couloir de l’École polytechnique fédérale de Zurich où ils travaillent, ils se demandent en prenant un café : mais pourquoi donc le chocolat est-il marron ? Est-il possible d’en changer la couleur, sans y ajouter de colorants ?

Ce qui est au départ un simple sujet de discussion devient rapidement un défi pour les trois scientifiques qui en viennent à développer, avec l’aide d’Anita Zingg, étudiante en science des matériaux, un procédé permettant de conférer à la surface du chocolat la propriété de changer de couleur suivant l’angle auquel on l’observe.

Crédit photo et vidéo : ETH Zürich / Giulia Marthaler

Cette histoire me plaît particulièrement pour trois raisons : parce qu’elle témoigne de l’esprit de curiosité quasi enfantin qui peut animer certains scientifiques, parce qu’elle donne un bel exemple de coopération interdisciplinaire entre chercheurs, et parce qu’elle présente une application nouvelle de ce qu’on appelle la fonctionnalisation de surface.

La fonctionnalisation de surface

La fonctionnalisation de surface désigne le fait de conférer à la surface d’un matériau une texture particulière pour en optimiser les propriétés, voire même d’y ajouter de nouvelles propriétés. Les chercheurs mentionnés précédemment ont pu donner cette couleur au chocolat en y inscrivant à la surface, à l’aide d’un moule spécialement conçu, des structures périodiques microscopiques(1) telles que celles que l’on voit sur la figure 1. Ces structures permettent de diffracter la lumière, c’est-à-dire séparer les différentes couleurs du spectre lumineux, ce qui donne cet aspect iridescent (pour information, lorsqu’une couleur est causée uniquement par les structures présentes à la surface d’un matériau non coloré, on appelle cela une couleur structurelle, c’est ce qui donne notamment la couleur des ailes du papillon Morpho ou des plumes de certains oiseaux).

Image Png Mar 16 2021 02 31 50 61 Pm 1
Figure 1 : exemple de structures périodiques de surface générées par laser femtoseconde sur de l’acier inoxydable (source image, use case Alphanov)

De la même manière, il est aussi possible de conférer à une surface des propriétés optiques, chimiques ou mécaniques particulières en y imprimant des structures périodiques. Par exemple :

Papillon Depositphotos 2268348 Xl 2015 1
Papillon Morpho

L’une des méthodes les plus utilisée pour produire une fonctionnalisation de surface est la génération de structures périodiques par irradiation laser, technique communément appelée « LIPSS ». Le principe est d’irradier une surface avec un laser à impulsion ultra-courte, généralement dans le domaine femtoseconde.

Suivant les paramètres lasers (durée d’impulsion, énergie du laser, longueur d’onde, polarisation…), il est possible de reconfigurer précisément la surface irradiée et ainsi obtenir une grande variété de fonctionnalisations de surface différentes(3). De plus, la texturation de surface par laser évite l’utilisation de procédés chimiques ou mécaniques généralement très polluants.

Pour démocratiser l’utilisation industrielle de la fonctionnalisation de surface, il est cependant impératif d’augmenter la vitesse d’usinage et ainsi baisser les coûts de production. Cailabs, leader de la mise en forme laser pour la télécommunication, la détection et l’usinage laser, a participé en 2019 à un projet avec le centre Alphanov pour accélérer les procédés de texturation de surface grâce au module de mise en forme CANUNDA-PULSE. Vous pouvez lire plus de détails sur ce projet ici.

Ecouter l’épisode :

https://player.ausha.co/index.html?showId=bj2E5T6m0LKv&display=horizontal&color=%23e25303&podcastId=bjR1Xs8R47zx&v=3&playerId=ausha-jFtI

Vous pouvez également regarder le replay en anglais de notre webinar « Micro-processing yield improvement with MPLC-based beam shaping » co-présenté avec Alphanov :

Webinar Canunda Alphanov Lasea 1200x627 Replay Pour Rs 1

Sources :

(1) « Making chocolate colourful » par Michael Walther, ETH Zurich. Read the article

(2) »Direct femtosecond laser surface nano/microstructuring and its applications ». Read the article

(3) « Surface functionalization by laser-induced periodic surface structures ». Read the article


Sami Carre

By Sami Laroui

Ingénieur diplômé en sciences des matériaux et titulaire d’un Master en innovation et entreprenariat, Sami Laroui a rejoint Cailabs en 2018. Il contribue, en tant qu’ingénieur avant-vente, au développement et à la commercialisation de solutions optiques innovantes optimisant la qualité et le rendement des procédés d’usinage laser.

Nos autres articles :

  • Dépasser les limites de débit grâce aux communications laser

    Dépasser les limites de débit grâce aux communications laser

  • Les défis de l’emobilité : le soudage des busbars

    Les défis de l’emobilité : le soudage des busbars

  • Voler plus loin avec la mise en forme de la lumière

    Voler plus loin avec la mise en forme de la lumière

  • De la volkswagen golf à la tesla model 3 : comment les lasers façonnent l’industrie automobile ?

    De la volkswagen golf à la tesla model 3 : comment les lasers façonnent l’industrie automobile ?

  • Le développement des communications optiques : pourquoi les liens espace terre tardent à se développer ?

    Le développement des communications optiques : pourquoi les liens espace terre tardent à se développer ?